Les Vepses sont un
peuple finno-ougrien qui habite en Carélie (nord-ouest de la Russie).
L’identité nationale de ce peuple, petit mais opiniâtre, se manifeste souvent
alors qu’on s’y attend le moins.
Une idole de bois
grossièrement travaillé se dresse sur une pelouse soigneusement entretenue. Un
peu plus loin, une maison à étage en bois d'architecture traditionnelle du nord, avec
des chambranles sculptés et des balcons soignés.
C’est le centre du vieux
village de Cheltozero situé à une centaine de kilomètres de Petrozavodsk, le
chef-lieu de la carélie (à environ
1 000 kilomètres de Moscou). Mais Cheltozero peut lui aussi se targuer d’être
le centre de l’histoire et de la culture du petit peuple finno-ougrien des
Vepses et le chef-lieu du district national des Vepses.
Poutine serait-il Vepse ?
Les Vepses sont aujourd’hui un peuple peu nombreux.
Par le passé pourtant, la puissante tribu contrôlait presque tout le nord-ouest
de l’actuelle Russie, soit un territoire plus grand que certains pays
européens. L’histoire de la Russie est étroitement liée aux Vepses.
Les Chroniques des Temps
passés – les plus
vieilles de l’histoire russe – indiquent que le prince varègue Riourik a été
appelé par quatre tribus : les Tchoudes, les Slaves, les Krivitchi et les
Ves. Les Vepses affirment descendre de ces derniers. Ce peuple était connu des
arabes au Moyen-Age et est cité dans les écrits d’un historien ostrogoth. La
plupart des rivières et des lacs de la région portent des noms vepses.
Mais les temps ont changé et les Ves se sont dans une
grande mesure assimilés, les uns aux peuples carélien et vepse, les autres au
peuple russe. Il y a plusieurs années, l’écrivain estonien Jaak Prozes a même
présenté un livre-scoop Poutine serait-il Vepse ? (Kas
Putin on vepslane ?). L’auteur y émet l’idée que la famille du président
russe pourrait être originaire de Carélie ou de la région de Leningrad
(aujourd’hui saint-pétersbourg habitées par les descendants des Ves. Après certaines études, les experts n’ont
pu ni confirmer, ni infirmer cette hypothèse.
L’opiniâtreté comme trait du caractère national
Aujourd’hui, il ne reste plus beaucoup de Vepses. Si
d’après le recensement de 1926, la Russie en comptait 32 000, 6 000
personnes seulement se sont identifiées comme Vepses en 2010.
Ils se concentrent essentiellement à Petrozavodsk,
mais le chef-lieu du district national des Vepses est Cheltozero où il est
encore possible de rencontrer des Vepses de souche. Pourtant, presque personne
ne parle le vepse. Les autorités russes accordent actuellement un soutien à
cette langue : elle est enseignée à l’école et à l’Université de
Petrozavodsk , des journaux et des magazines sont imprimés en
vepse , la radio de Carélie diffuse des émissions en vepse. Mais au
quotidien, la langue n’est pratiquement plus parlée et sombre dans l’oubli.
Toutefois, certains traits du caractère national des
habitants de Cheltozero survivent et peuvent se manifester alors qu’on s’y
attend le moins.
Ainsi, Irina Safonova, chef de l’administration de
Cheltozero, a été écartée de la campagne électorale en raison d’une violation
des règles d’établissement des documents. Le village l’a perçu comme une
atteinte à son indépendance : les habitants sont venus aux urnes pour
voter contre tous les candidats. Il a fallu organiser de nouvelles élections et
cette fois-ci, Irina Safonova a remporté la victoire.
Etre Vepse, c’est cool
L’opiniâtreté et la prise de conscience de leur
identité par les Vepses permettent d’espérer que ce peuple légendaire ne
disparaîtra pas.
« A l’époque soviétique, nombreux
sont les Vepses qui se sentaient gênés d’appartenir à ce peuple. C’était démodé
et vieux jeu, a raconté à RBTH Maria
Kocheleva, enseignante de vepse. Si on est Vepse, c’est qu’on vient
d’un village reculé. Aujourd’hui, dans le contexte de la mondialisation, les
gens commencent au contraire à chercher leur identité, à se tourner vers leurs
racines et je constate un intérêt croissant pour la langue et la culture
vepses. Les jeunes participent avec plaisir à différentes manifestations
ethniques et s’identifient comme Vepses. Etre Vepse est en vogue ».
Comme l’a dit dans une interview le célèbre poète
vepse Nikolaï Abramov dont les livres ont été édités dans toute l’Europe, de
l’Estonie à la France, « il y a cent ans, un chercheur finlandais
a affirmé que les Vepses disparaîtraient dans une vingtaine ou une trentaine
d’années. Un siècle s’est écoulé depuis, mais cette question se pose encore
aujourd’hui ».
ليست هناك تعليقات:
إرسال تعليق