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الاثنين، 25 سبتمبر 2023

Ariane Lavrilleux Journaliste à Disclose J’étais sous surveillance de la DGSI

 




الأربعاء، 20 سبتمبر 2023

Ariane Lavrilleux Une journaliste de  Disclose  en garde à vue après une enquête sur l’armée

 



Nous vous écrivons ce matin pour vous informer d'une situation grave et inquiétante. Une perquisition est en cours depuis 6h00, ce mardi 19 septembre, au domicile personnel d’Ariane Lavrilleux, journaliste de Disclose et co-autrice de la série d’enquêtes « Egypt Papers ». Accompagnés d’un juge d’instruction, des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont placé la journaliste en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour compromission du secret de la défense nationale et révélation d'information pouvant conduire à identifier un agent protégé, ouverte en juillet 2022.

 

L’objectif de ce nouvel épisode d’intimidation inadmissible à l’égard des journalistes de Disclose est clair : identifier nos sources ayant permis de révéler l’opération militaire Sirli, en Égypte. En novembre 2021, Disclose s’appuyait sur plusieurs centaines de documents « confidentiel-défense » pour documenter une campagne d’exécutions arbitraires orchestrée par la dictature égyptienne du maréchal Al-Sissi, avec la complicité de l’État français.

 

Nos articles sur l’opération Sirli :

 

Opération Sirli, révélations sur la complicité de l’Etat français dans des bombardements contre des civils en Égypte

Pourquoi révéler des informations « secret-défense »

Egypt Papers : le gouvernement étouffe le débat démocratique

Nous vous tiendrons informé·es des suites de la garde à vue d'Ariane dès que nous aurons de ses nouvelles. En attendant, vous pouvez aider Disclose en relayant massivement cette grave atteinte à la liberté de la presse autour de vous : transférez cet e-mail et partagez nos messages sur les réseaux sociaux (X ex-Twitter, LinkedIn). Si vous en avez les moyens, vous pouvez aussi continuer à soutenir notre action avec un don, mensuel ou ponctuel.

 

Mathias Destal

Cofondateur et rédacteur en chef de Disclose







Chers lecteurs et lectrices, chers soutiens,

 

Cela fait plus de 24 heures que la journaliste de Disclose, Ariane Lavrilleux, est privée de liberté. Cette situation insupportable a commencé hier, mardi 19 septembre, à 6h00 du matin, lorsqu’une juge, accompagnée de policiers de la DGSI, le service de renseignement intérieur français, a frappé à la porte de son appartement marseillais pour lui notifier son placement en garde à vue. Pendant près de 10 heures, elle a dû faire face, seule, à la violation de son intimité et à la fouille complète de son domicile – elle ne pouvait être accompagnée d’un avocat. Il a fallu qu’elle attende 15h30 pour enfin s’entretenir avec un avocat marseillais, mandaté par Disclose. Cet échange a duré 30 minutes. Ariane a ensuite été conduite à l’hôtel de police de Marseille pour y être interrogée par les mêmes policiers qui ont retourné son appartement. Ses auditions se sont terminées tard dans la soirée. Elle a ensuite passé la nuit en cellule. L’interrogatoire a repris ce mercredi matin, en présence de l’avocate de Disclose.

 

Depuis plus de 24 heures, Ariane Lavrilleux est traitée comme une délinquante. Or, elle est journaliste. Une journaliste avec qui nous travaillons depuis plusieurs années sur la question des ventes d’armes de la France. Et c’est parce qu’elle pratique son métier de façon rigoureuse et exemplaire qu’elle subit la violence d’une procédure d’exception dont le seul but est de traquer nos sources. D’après les derniers éléments dont nous disposons, les services de renseignement lui reprochent d’avoir signé dans Disclose une série d’articles basés sur des informations « confidentiel-défense ». Cinq en tout.

 

Il y a d’abord l’enquête « Egypt Papers » sur les compromissions de la France avec la dictature d’Al-Sissi, mais aussi nos révélations sur une vente de 30 avions Rafale à l’Égypte ; celles sur du matériel de guerre livré à la Russie par la France et employé dans l’invasion en Ukraine ; une enquête sur des livraisons d’armes à l’Arabie saoudite et enfin un article prouvant que la France a fermé les yeux lorsque les Émirats arabes unis ont envoyé, en secret, des armes en Libye afin de servir les ambitions militaires du général Haftar. Nous avons publié ces informations confidentielles car elles étaient, et elles restent, d’intérêt général. Elles éclairent le débat public sur la réalité des relations diplomatiques de la France avec des dictatures. Elles jettent une lumière crue sur des armes, fabriquées dans notre pays, et retournées contre des populations civiles, au Yémen et en Égypte. Qu’importe si ces révélations sont gênantes pour l’État français : Ariane doit être libérée au plus vite, sans aucune poursuite.

 


 

Mathias Destal

Cofondateur et rédacteur en chef de Disclose

Mathias a travaillé au service investigation de Marianne entre 2012 et 2017. Il est l’auteur de nombreuses enquêtes sur l’extrême droite, co-auteur du livre enquête Marine est au courant de tout… (Flammarion) paru en 2017 et du documentaire Front National : les hommes de l’ombre diffusé sur Envoyé Spécial. Il a collaboré avec plusieurs médias dont le Canard Enchaîné, le Journal du Dimanche ou Arte.